Daisy, comprenant que c'était peine perdue, croisa les bras de manière à cacher un peu la tache. Elle mettrait sa robe de sorcier bientôt, elle n'avait qu'à se montrer discrète jusqu'à l'avoir enfilé. Elle entendit soudain un murmure, mais ne réussit qu'à comprendre ...ur. Elle réalisa alors avec horreur qu'elle n'était pas seule dans le compartiment ! Elle se retourna brusquement vers la fille discrète sur un banc. Elle tenta de lui sourire, mais elle n'arrivait pas à ne serait ce que faire semblant d'éprouver de la sympathie envers une personne comme elle.

Bonjour ! Sache que si tu dis un mot à qui que ce soit sur l'encre que j'ai renversé et ma robe tachée, c'est la guerre ! Je veux faire bonne impression ici, et c'est pas en laissant quelqu'un gâcher ma réputation en parlant de ça que je vais y arriver, donc motus et bouche cousue, d'accord ?

Sans attendre la réponse, elle se commença à fouiller dans ses bagages pour trouver sa plus belle robe de sorcière. On ne peut faire une bonne première impression qu'une seule fois, alors elle devait être parfaite.

Tu te tourne pendant que je me change. Oh, et, petit conseil, tu devrais changer de style vestimentaire. C'est une vraie horreur, ce truc.

À, elle était enfin là ! Elle récupéra la robe, la lissa un peu, et jeta un regard noir à la fille.

Retournes toi maintenant.

Elle n'allait tout de même pas se changer devant une... Fille qui n'était à coup sur pas de sang parfait ! Rien qu'à voir ses vêtements Daisy Elisabeth comprenait qu'elle venait d'un autre monde que le sien.

Daisy Elisabeth s'arrêta brusquement de parler pour observer l'autre jeune fille, qui après s'être mise à tousser, avait commencer à parler de sang.

Où ça du sang ? Je t'avertis, je ne supporte pas la vue du sang, ça me fait vomir. Et je vomis à cause de toi, je ne te le pardonnerai pas. Ma robe est déjà assez sale comme ça.

Bien entendu, l'autre fille, qui semblait à moitié folle, ne l'écouta pas et ne se retourna pas. Gé-nial. Il faudrait qu'elle passe encore une fois dix ans à chercher un compartiment vide - pour de vrai, cette fois - pour pouvoir se changer. Elle allait partir quand elle entendit la jeune fille lui adresser - enfin elle croyait qu'elle lui parlait, mais rien ne semblait sur avec cette fille - qu'elle avait arraché la robe à un cadavre.

Eurk ! Mais t'es folle ! C'est absolument dégoûtant ! Les cadavres, c'est sale et ça peut porter plein de maladies ! Disant cela, elle s'éloigna encore plus de l'autre, dégoûtée. Tu sais que c'est interdit de violer un tombeau ? Pourquoi tu t'en es pas achetée une au lieu de la voler à quelque chose de mort ?

Elle allait vomir. Cette fois, c'était certain. Comment une fille comme ça pouvait être admise dans une école de magie ?

Tes parents ils ne t'ont pas empêché ? Ils sont aussi fous que toi ou quoi ? Non mais ça va pas !

En plus elle avait un animal ! Il fallait le lui enlever, elle allait finir par le tuer dans un accès de folie, c'était sûr !

Est-ce que tu es déjà venue à Poudlard ? Tu as une robe de sorcière au moins ? Et si tu n'en as pas, sache que je ne te prêterais pas les miennes.

Soudain, une pensée traversa l'esprit de la jeune fille. Et si l'autre la tuait pour lui voler ses vêtements ? Qu'est-ce qui lui prouvait que ce cadavre dont elle parlait, elle ne l'avait pas tuée elle-même ?

La fillette décida d'ignorer ce que disais son interlocutrice. Ça n'avais pas de sens. Céder quoi ? Daisy sursauta quand l'autre éclata de rire, et recula encore plus. Elle était folle, c'était confirmé. Elle commença ensuite à lui expliquer en quoi c'était dégoutant et interdit de voler les vêtements d'un cadavre, et elle eut pour seule réponse que sa cause était pertinente.

Non, ça reste interdit par la loi. Et il n'y a pas de causes pertinentes pour ça.

Elle l'observa nourrir son hiboux tout en lui demandant ce qu'en pensaient ses parents et se tassa encore un peu pour éviter de toucher le boursouflet qu'elle avait lâché dans le compartiment. Qui sait quel genre de maladies il pouvait avoir ? Mais en comprenant que la fille en face d'elle n'avait pas de parents, et, pire, que ces derniers l'avait abandonnée au fond d'un puit, elle se figea.

Oh... Je suis désolée ? Je savais pas... En même tenps je pouvais pas savoir, quoi, je suis pas troisième œil...

Pourtant, elle ne pouvait pas s'empêcher de se sentir un peu mal... Elle n'aurait possiblement pas du poser cette question.

En deuxième année ? Ça veux dire que tu es déjà venue ici ? C'est comment, Poudlard ? Tu es dans quelle maison ? Moi, je vais commencer ma première année.

La fille était répugnante, mais Daosy Elisabeth voulait en apprendre plus sur sa future école. Lorsque l'autre sorti sa robe, elle eut à peine le temps de se retourner que déjà elle était en train de se changer.

Tu aurais pu prévenir... Oh, tu es à Gryffondor ? Moi, j'espère aller à Serdaigle. Ma mère et ma soeur y ont été. Gryffondor ou Serpentard, ça pourrait encore aller, mais Poufsouffle, ce serait vraiment la honte.

Daisy Elisabeth ne savait plus où regarder, honteuse. Elle avait posé la question de trop, encore une fois. Elle parlait toujours trop, surtout avec les inférieurs. Ses parents lui en voudraient probablement. Elle n'était même pas encore à Poudlard et elle avait déjà fait deux gaffes. Ce serait comment à l'école ? Heureusement, la fille ne développa pas plus et lui donna plus de précisions sur Poudlard.

Mais... Poufsouffle est la maison des faibles, non ?

C'était ce qu'on lui disait depuis toute petite : Gryffondor, la maison des gens courageux, celle de son pére, Serdaigle, celle de gens intelligents et de sa soeur et sa mère, Serpentard, les Sang-Purs rusés et ambitieux, dans laquelle personne de sa famille n'avait été, mais qu'ils appréciaient, et puis Poufsouffle, pour les faibles sans personnalité, qui signifiaient la honte totale et le déshonneur. Ses parents ne lui auraient jamais menti, et puis ils avaient passé sept ans à Poudlard, la fille n'y avait passé qu'un an. Elle disait n'importe quoi. Mais peut-être qu'elle en savait plus sur les secrets et surprises de Poudlard que sur les maisons.

Quel genre de surprises ? C'est vrai que les escaliers se promènent ? Il y a vraiment des fantômes dans l'école ?

Daisy voulait tout savoir sur sa future école, pour ne pas avoir l'air idiote devant les autres élèves. Elle était une vraie sang-pur après tout, elle devait connaître tous les secrets de l'école, comme toute personne qui a toujours vécu dans une famille magique.

La Gryffondor toussa encore une fois. Daisy commençait à s'inquiéter. Et si elle était contagieuse ? Elle ne voulait pas arriver à Poudlard avec une grippe, ou pire... Ensuite, elle commença à défendre Poufsouffle. Non mais elle était folle ou quoi ? Poufsouffle, maison du courage, de la ruse, de l'ambition et de la loyauté ? Tout le monde savait que Poufsouffle était la maison des sorciers ratés.

Excuse moi, mais je crois que tu te trompes. Mes parents m'ont bien appris ce qu'était Poufsouffle, et ce n'est absolument pas ça. Ils ont été à Poudlard plus longtemps que toi, non ? Je crois qu'ils savent de quoi ils parlent. Elle adressa un sourire suffisant à l'orpheline, et ajouta : Et puis mes yeux fonctionnent très bien, comme ceux de ma famille.

Le silence resta pendant quelques minutes, Daisy Elisabeth étant perdue dans ses pensées, ne comprenant pas comment on pouvait défendre Poufsouffle, et son interlocutrice n'était apparemment pas très portée sur la parole. Mais elle ne put s'empêcher de poser d'autres questions, et resta bouche bée devant la réponse. Comment osait-elle ?

Excuse-moi, madame parler plus de deux secondes de suite est une torture, mais mes parents ont tenu à garder la surprise. Tu sais comme les parents normaux font pour les étapes importantes de la vie de leurs enfants ? Oh, c'est vrai, tu ne sais pas, tu n'as pas de parents... Pauvre mademoiselle je vole les vêtements des morts...

En plus elle était tombée sur une Née-Moldue... En même temps vu ses fringues et son comportement elle aurait du s'en douter. L'autre fille ajouta quelque chose, d'un ton si bas que la Wise manqua ne pas l'entendre.

Ce conseil est ridicule, et mes parents le savent. Comment est-ce qu'on est sensés se créer des relations sans parler à ceux que l'on ne connait pas ? Elle eut un reniflement hautain et poursuivit : Et si ça t'inquiète, sache qu'en sortant du train tu n'auras plus à te préoccuper de moi. Tu n'existera même plus pour moi.

Daisy s'offusqua immédiatement lorsque la deuxième année accusa sa famille d'hypocrisie. Comme s'ils étaient du genre à supprimer les des choses de leur arbre généalogique pour plaire ! Bien sûr, il y avait ce grand oncle né d'un pur Wise au Sang parfait et d'une sang-mêlée dont on ne parlait jamais, et la sœur aînée de sa mère avec qui cette dernière avait coupé les ponts, mais c'était à cause de son caractère de chien, pas à cause de son mariage avec un moldu ! Ses parents étaient parfaitement honnêtes, et elle refusait de croire qu'ils puissent mentir sur leurs origines familiales. Ils étaient trop gentils pour ça.

Tu dis n'importe quoi.

Daisy Elisabeth ne voulait pas croire cette fille sortie de nulle part qui croyait tout savoir sur la pureté du sang. Elle était en train de se demander quel genre d'enseignement on recevait à Poudlard, si même elle, qui n'y avait jamais été, en savait plus sur le sujet qu'une élève qui y avait déjà passé un an. La jeune fille fit ensuite un commentaire pour lui rappeler l'abandon de ses parents et lui affirma qu'elle l'oublierait en sortant du train, espérant qu'elle arrêterait ainsi ses propos qui contredisaient ce qu'elle avait toujours cru mais lui paraissaient presque vrais lorsqu'ils sortaient de sa bouche. Heureusement, elle ne répliqua rien de stupéfiant, mais éclata d'un rire étrange et eut soudain un regard fou. D'un coup, elle avait l'air encore plus effrayante que ses paroles.

Tu fais vraiment peur.

La jeune fille en face de Daisy ne semblait même pas l'écouter ! C'était vraiment pas gentil. Elle était peut-être folle, et possiblement aussi malade, mais ce n'était pas une raison pour ignorer quelqu'un qui lui parlait ! Daisy Elisabeth Wise n'était pas le genre de personne qui se laissait ignorer. Après tout, quand on est le deuxième enfant, il faut réussir à se faire une place dans la famille, malgré tout.

Elle décida donc de lui crier dans les oreilles. La future Poufsouffle (mais ne lui dites pas ça sinon elle va sauter par la fenêtre et retourner chez elle en courant) s'approche de son interlocutrice, après lui avoir annoncé qu'elle faisait peur, ouvrit la bouche, puis...

Fit un bond en arrière en hurlant. L'autre c'était mise à saigner du nez. Elle avait ensuite eu un sourire qui faisait partie de la catégorie des sourires de psychopathes qui te disent de fuir. Et puis, soudain, elle s'affala.

Elle est pas morte, quand même ?

Nouveau hurlement. Daisy sortit du compartiment et, une fois dans le couloir, vomit un bon coup avant de recommencer à crier.

IL Y A UNE FILLE DE MORTE DANS MON COMPARTIMENT ! AU SECOUUUUUURS !

Cette fille était morte, c'était sur à cent pour cent ! Quel genre de maladie vous faisait saigner du nez avant de vous tuer ? Est-ce que ça faisait mal ? Et puis, Daisy avait VOMI ! Elle avait vomi le premier jour, et elle n'était même pas encore arrivée ! Et puis il y avait une MORTE dans son compartiment ! Et si on l'accusait de meurtre ? Elle était MORTE ! Est-ce qu'elle allait avoir des funérailles en arrivant à Poudlard ? Qui serait invité ? Est-ce que quelqu'un la connaissait ? L'ancienne Gryffondor était morte devant elle ! Daisy était devant la porte du compartiment, en panique, sur le point de vomir à nouveau, quand elle senti une main la tirer dans le compartiment et vu la porte se refermer. Attends, elle était devenue un fantôme ? Au secours ! Mais un coup d'œil rassura Daisy. La fille était pâle, mais pas à ce point. Elle n'était peut-être pas morte, en fin de compte.

T'es en vie ? Non mais t'es folle, faut pas faire des peurs au gens comme ça ! On fait pas semblant d'être morte comme ça, voyons donc !

La sang séché sous son nez lui donnait un air encore plus effrayant qu'avant, mais au moins elle n'était plus morte. Horrifiée, Daisy Elisabeth se contenta d'hocher la tête lorsque la non morte lui ordonna de ne parler à personne de cet évanouissement. Et puis, réalisant ce qu'il venait de se passer, elle répondit :

Tu en es vraiment sûre ? Tu es peut-être atteinte d'une maladie grave, faudrait sûrement en parler à l'infirmière, non ? Je veux dire, moi, si je m'évanouissait comme ça, je m'inquièterais.

Non pas qu'elle se préoccupait le moins du monde de la santé de la fille, mais... Voilà, quoi, c'était inquiétant ! Sa robe était encore plus sale qu'avant, avec le vomi qui disputait la place de la tache rose. Heureusement, la Gryffondor fit disparaître tout ça d'un mouvement de sa baguette.

Ooooh, merci !

Ce voyage en train était vraiment fabuleux : elle ne serait pas accusée de meurtre, et sa robe était propre !

Daisy en voulait à cette fille, dont le nom lui était d'ailleurs toujours inconnu. Elle lui avait fait méga peur et elle l'avait fait vomir. C'était vraiment pas gentil. Surtout quand elle avait simulé sa mort. Ok, ce n'était peut-être pas entièrement de sa faute si elle c'était évanouie, mais quand même. Et puis, elle mentait. C'était impossible que personne ne se soucie de sa perte. Il y avait assurément quelqu'un quelque part qui se souciait un minimum de la Gryffondor. Tout le monde avait une personne dans sa vie, vous savez cette personne qui vous fait sourire quand ça ne va pas et qui tient beaucoup à vous, autant que vous tenez à elle.

Tu dois bien avoir un ou une ami à Poudlard, ou quelqu'un chez... là où tu vis en-dehors de Poudlard, non ? C'est impossible de n'avoir absolument personne qui vous aime.

Elle avait failli dire chez toi. Et puis elle c'était rappelée que la jeune fille avait été abandonnée dans un puit. Elle n'avait probablement même pas de véritable chez elle. Le sang étendu sur son visage la répugnait, mais elle tentait de ne pas y penser et de ne pas le regarder. Lorsque Daisy parla de maladie, l'autre fit non de la tête, sûrement pour montrer son désaccord. Mais Daisy Elisabeth n'abandonnerait pas si facilement.

Tu ne veux même pas en parler à l'infirmière ? Je te jure sur Merlin que j'en parlerai à personne d'autre, et je crois qu'elle a un contrat magique pour s'assurer qu'elle ne dira à personne ce qui ce passe dans l'infirmerie. Enfin j'espère.

La Wise espèrait qu'elle voudrait bien. Elle souffrait potentiellement de quelque chose de dangereux, il fallait en parler à quelqu'un. Lorsque la nouvelle première année s'inquiètait un peu plus qu'elle ne voulait le laisser croire à la Gryffondor. Mourir lui paraissait tellement horrible, et elle avait déjà entendu une amie médicomage de sa mère dire que s'évanouir à répétition pouvait devenir dangereux, parce qu'on pouvait finir par tomber de haut ou sur quelque chose de coupant ou trop dur. Et finit sa vie à douze ans, enfin, normalement elle devrait avoir douze, même si la jeune fille avait l'air d'avoir le même âge que Daisy, voir même d'être plus jeune, ce qui était tout de même un peu étrange.


La deuxième année agita soudainement sa baguette pour nettoyer la robe de Daisy, ce pour quoi, surprise, la jeune fille la remercia. Pour toute réponse, elle eut un hochement de tête. L'autre ajouta ensuite qu'elle effrayait les autres pour les empêcher de s'en prendre à elle. Daisy prit de longues secondes avant de finalement comprendre ce dont elle parlait.

Oh ! Euh... C'est pas tout le monde qui va t'attaquer, je crois. Enfin, euh... Voilà quoi, il y a des sorciers gentils sur terre je crois. Enfin j'espère. Mais tu sais, je crois que les gens s'intéresseraient plus à toi, et peut-être même voudrait devenir ton amie, si tu ne serais-ce que prenait un peu soin de toi. Te laver le visage, te soigner quand tu es malade, te démêler un peu les cheveux... Des petits détails qui montrent que tu as confiance en toi et que tu souhaite le respect.